Karst

Au sud du Massif Central s’étendent les plateaux calcaires qui forment la région des Grands Causses. Bordé par les vallées profondes du Tarn et de la Jonte, le causse Méjean est le plus élevé d’entre eux. Son relief particulier, appelé karst1, est marqué par l’érosion mécanique et chimique de la roche calcaire. L’eau qui s’infiltre par les fissures depuis la surface du plateau dessine une topographie originale, caractérisée par un important réseau de cavités souterraines.
Les avens, comme on les nomme dans cette région, sont des gouffres qui s’ouvrent dans le sol. De profondeurs et d’aspects variables, leurs accès sont la plupart du temps difficiles, puisqu’ils présentent la forme d’un puits vertical sur l’ensemble ou une partie de leurs développements. Parcourus pour certains dès le Néolithique en raison des ressources qu’ils abritent (eau, calcite, argile), considérés un temps comme les entrées des Enfers sur une terre où prédomine alors la religion catholique, ces abîmes et leurs explorations sont mis en lumière au XIXème siècle par l’intérêt que leur porte un jeune avocat passionné de géographie. En cette fin de siècle où est inventée la photographie, Edouard- Alfred Martel et ses collaborateurs effectuent de nombreuses explorations sur ce territoire des Causses Majeurs, oeuvrant ainsi à son développement touristique et à la fondation de la spéléologie moderne.
Aux abords de ces grottes et abîmes se mêlent le temps d’une histoire humaine et celui de la formation des sols. Traversés par l’eau et par celles et ceux qui les explorent encore, ces espaces sans lumière conservent la possibilité d’un monde résistant, comme les fonds marins, à la connaissance humaine.
Ces images réalisées à la chambre photographique marquent le début d’une recherche à partir de laquelle, oscillants entre surface du médium et seuils de la surface terrestre, nous faisons face au moment où bascule quelque chose du monde tel que nous nous le représentons.